Les chats étaient responsables de la peste : mythe ou réalité ?

Responsable de la plus grande catastrophe démographique au XIVe siècle, la peste noire a engendré plusieurs millions de morts en Europe. Dans le même temps, les chats qui parcouraient villes et campagnes étaient persécutés, peu importe leur couleur, car la chrétienté voyait en cet animal élégant un suppôt du démon. Les chats étaient-ils vraiment responsables de la peste ? Quels sont les symptômes de la peste ? Comment s’est-elle propagée en Europe en trois vagues successives ? Nos félins sont-ils vraiment porteurs du bacille de la peste ?

Les symptômes d’une tueuse à plusieurs visages

Portée par la bactérie Yersinia Pestis, la maladie lorsqu’elle est transmise à l’homme se présente sous trois formes : bubonique, septicémique ou respiratoire.

La peste bubonique

Transmise par une piqûre de puce, le malade présente après quelques jours d’incubation une forte fièvre, une profonde atteinte de l’état général et une hypertrophie des ganglions lymphatiques ou bubons. Elle n’est pas toujours mortelle, certains patients, 20 à 40 % survivent après suppuration de l’abcès et un long temps de convalescence. Parmi les symptômes, fièvres, frissons, maux de tête, courbatures et ganglions lymphatiques douloureux et enflés caractérisent la maladie.

La peste septicémique

Si un bubon se rompt et déverse la bactérie dans le sang, symptômes généraux et état de choc signent la pathologie. Fièvre, noircissement de la peau au niveau des orteils, des doigts et du nez sont la conséquence d’une complication de la peste bubonique et engage pronostic vital de la personne pestiférée.

La peste pulmonaire

Comme son nom l’indique, celle-ci s’attaque à l’appareil respiratoire du patient et provoque toux, fortes fièvres, douleurs thoraciques, essoufflement et faiblesse. Forme la plus rare de la peste, le patient présente aussi des muqueuses aqueuses ou sanglantes. Une pneumonie s’installe alors, compromettant gravement les chances de survie du patient. La transmission provient soit d’une peste bubonique ou septicémique non traitée, soit par l’inhalation de gouttelettes projetées lorsqu’une personne ou un animal porteur de la bactérie éternue ou tousse.

Les chats peuvent-ils être infectés par le bacille Yersinia Pestis ?

Bien que le chat ne soit pas le vecteur principal de la maladie, il n’est pas à l’abri de contracter la peste après avoir pourchassé un rongeur porteur du vecteur de la bactérie : la puce. Abcès, adénopathies, forte fièvre et léthargie sont les signes les plus courants de l’infection. Ils peuvent également développer une pneumonie ou présenter des lésions pathologiques du foie et de la rate. Dans 50 % des cas, le virus se révèle mortel pour le félin.

Comment la peste s’est-elle propagée en Europe au Moyen-Âge ?

Au Moyen-Âge, le commerce maritime florissant et les pèlerinages vont favoriser la dissémination de la maladie. Dans les cales des navires, dans les espaces de stockage des denrées alimentaires, les rats pullulent. Les chats, qui ne sont pas en odeur de sainteté durant cette période de l’Histoire européenne ne peuvent endiguer le flot de rongeurs infectés de puces porteuses de la maladie. C’est par le carrefour commercial de Caffa, port de Crimée, que l’infection débute. L’armée mongole qui assiège le port voit ses soldats mourir sous l’action de Yersinia Pestis. Pris de panique, les marchands génois assiégés prennent la fuite vers l’Italie et le bassin méditerranéen. Les rats et surtout les puces qui ont suivi navires et marchands ont disséminé la maladie à grande vitesse, jusque dans les grandes villes, puis les campagnes. Plus que le chat, ce sont les rats porteurs des puces infectées qui ont propagé l’infection. La population des rats sans doute trop infectée pour survivre, les puces, vecteurs principaux de la peste, se sont nourries du sang des êtres humains et ont permis la dissémination de la maladie à toute l’Europe. Seules deux régions froides et sèches seront épargnées par les vagues successives de pestes noires : la Finlande et l’Islande.

Les félins ont-ils pu propager la peste au Moyen-Âge ?

Si nos félins peuvent être infectés par le virus de la peste et nous transmettre la maladie, au XIVe siècle, leur population n’est pas suffisamment nombreuse pour permettre une telle propagation. Persécutés, presque systématiquement éliminés, les félins sont sous le coup de la diabolisation depuis le XIIe siècle. Associés aux cultes antiques, ils seront peu à peu réunis avec les sorcières sur le bucher. Dès le XIIIe siècle, une première bulle papale les érige au rang de serviteurs du diable. Au XIVe siècle, une nouvelle bulle enfonce le clou et stipule que les chats doivent brûler, car ils sont les compagnons des sorcières. Et à mesure que diminuait la population féline, les rongeurs eux proliféraient de la cale des bateaux aux greniers, laissant aux puces et à la peste toute la latitude pour se propager. C’est donc bien un mythe que de croire que le chat est responsable de la transmission de la peste. Tout comme de croire que ce sont les cadavres des soldats mongols catapultés dans le port assiégé de Caffa qui ont propagé la maladie. Ce sont bien les rats et les gerbilles qui, porteurs de puces infectées, ont permis la dissémination de la peste noire du pourtour méditerranéen jusqu’en Angleterre au XIVe siècle.

Aujourd’hui encore, il existe de nombreux foyers de peste dans le monde et nos animaux de compagnie peuvent devenir vecteurs de nombreuses affections portées par les puces et pas seulement de Yersinia Pestis. Afin de protéger votre petit félin et votre famille des maladies transmissibles à l’homme, le meilleur traitement reste la prévention. Pensez simplement à protéger régulièrement votre petit félin contre ces parasites suceurs de sang !